Malgré l’officialisation récente du report de l’audit énergétique au 1er avril 2023, les acteurs du secteur s’accordent à dire qu’il reste encore beaucoup de travail avant l’entrée en vigueur de ce nouvel outil.
______________________________________________________________________________________________________________________________________
Un report pris avec le sourire
Même si la décision de repousser la mise en place de l’audit énergétique a été accueilli positivement par les professionnels du secteur, le ministre délégué en charge de la Ville et du Logement a souligné « le manque d’entreprises et de personnels qualifiés ». Un discours qui n’a pas plu au vice-président de la FIDI, Stéphane Prouzeau : « j’ai lu dernièrement plusieurs articles qui disaient que les diagnostiqueurs n’étaient pas prêts. Il ne faut pas inverser les responsabilités. Aujourd’hui, s’il y a report, ce n’est pas du fait des diagnostiqueurs, mais bien parce que les documents qui devaient être fournis par les pouvoirs publics ne sont pas prêts. La trame du rapport n’est toujours pas sortie, une version « finale » nous ayant été présentée en réunion seulement la semaine dernière. Et nous n’avons pas pu avoir les deux mois de tests qui étaient prévus par le calendrier de mise en place de la DHUP. Ce report est donc une saine décision.»
Le président de la SIDIANE partage cet avis et se satisfait de ce report : « C’est une bonne nouvelle et une sage décision au vu de la situation dans laquelle l’on se trouve aujourd’hui, d’autant que le volume de passoires énergétiques est bien plus important que prévu (12 000 audits énergétiques à réaliser en plus chaque mois). La loi Climat et résilience est bien faite et, même s’il est urgent de ne pas attendre, il faut tout de même se donner du temps pour sortir un audit et une méthode stabilisés et pour former des diagnostiqueurs, plutôt que de reproduire les erreurs commises au moment du nouveau DPE l’an dernier ».
Quant à Thierry Marchand, président de la CDI-FNAIM, il évoque ce report comme un argument supplémentaire dans la politique d’aide autour de la rénovation énergétique : « l’audit au 1er septembre 2021 aurait fait plaisir à l’acquéreur, mais n’aurait pas servi à grand-chose car il n’aurait pas permis d’obtenir les aides de MaPrimeRénov’. Pour les obtenir, il faut adapter la loi de Finances afin de rendre les audits énergétiques obligatoires compatibles. Cette loi se discute en novembre pour une application en janvier. En optant pour le 1er avril 2023, le gouvernement s’est peut-être donné une marge de manœuvre supplémentaire pour permettre de rendre l’audit énergétique obligatoire compatible avec les aides, en anticipant d’éventuelles difficultés sur ce point. »
Un verre à moitié vide
Ce report de 7 mois ne sera pas de trop si l’on en croit les Fédérations du secteur. Pour parvenir à une mise en place efficace, le vice-président de la FIDI espère démarrer les audits « test » dès le dernier trimestre 2022 : « Les diagnostiqueurs devraient avoir la trame du rapport et les logiciels au mois de septembre. Il va falloir désormais que l’on teste et que l’on aille au bout des formations. Un certain nombre de diagnostiqueurs sont déjà formés et il faut que l’on sache si la formation qui a été réalisée est suffisante pour réaliser ces audits. Il ne faut pas non plus oublier de se mettre au travail pour définir le régime définitif de qualification des auditeurs pour 2024. L’intégrer à la certification serait probablement une bonne chose.»
Encore des questions sans réponses
Pendant que la mise en place de l’audit énergétique avance, certains sujets eux, restent en suspens.
Les problématiques portent principalement sur deux éléments : la première concerne la cohérence entre les différents audits afin que chacun accède aux aides prévues. La seconde préoccupation repose sur la qualification des professionnels pour ce type d’audit. Selon Thierry Marchand, il serait plus judicieux de voir l’audit énergétique réglementaire comme un outil global et qu’à terme, il n’y ait plus qu’un seul audit. Cependant, le sujet reste complexe. Comment uniformiser des audits qui s’appuient sur différentes méthodes de calcul ?
Dans ce cas, faudrait-il créer une nouvelle mention « audit » pour les détenteurs de la certification DPE, de la qualification RGE ou à l’inverse, revoir en totalité les conditions de qualifications existantes ?
Est-ce-que l’accès à l’audit énergétique s’ouvrira à d’autres corps de métier comme les thermiciens par exemple ? Autant de pistes de réflexion qui pourront être déterminantes pour l’avenir de cette nouvelle prestation porteuse d’opportunités.
Pour conclure, l’audit énergétique représente une perspective intéressante pour les acteurs du secteur de l’immobilier. Son rôle constitue un enjeu important pour les prochaines années et aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel que les fédérations professionnelles se mobilisent pour protéger les intérêts des diagnostiqueurs immobiliers.