Passoires thermiques : Airbnb dans l’œil du cyclone ?

Il n’aura pas fallu longtemps pour que le gouvernement se préoccupe de la location touristique sur la plateforme Airbnb. La société qui a battu un nouveau record de 103,7 millions de « réservations de nuitées et d’expériences » à travers le monde entre avril et juin 2022, se retrouve à son tour concernée par l’interdiction à la location des passoires énergétiques.

Une menace qui pourrait bien redistribuer les cartes…

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Deux salles, deux ambiances

La Loi Climat et Résilience, entrée en vigueur le 22 août 2021, est un projet de loi qui lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets.

Depuis août 2022, le gel des loyers est appliqué aux logements classés F ou G suite à un Diagnostic de Performance Energétique (DPE) réalisé par un professionnel certifié. Les bailleurs ne peuvent plus augmenter le loyer d’une location si le bien est considéré comme passoire thermique.

A l’avenir, le gouvernement prévoit de renforcer les contraintes sur les passoires thermiques avec tout simplement l’interdiction de louer le bien. A partir du 1er janvier 2023, cette interdiction concernera les logements non décents (classés G avec une énergie finale > 450 jwh/ m2/ an). Puis, ce sera au tour de tous les biens classés G en 2025 et de tous les biens classés F en 2028.

A ce jour, les restrictions en cours et à venir pour les passoires thermiques ne concernent pas les locations touristiques. Cela ne devrait pas durer selon le ministre Olivier Klein : « Il faut qu’on travaille pour que ce soit les mêmes règles »

Une faille toute trouvée

Pour contourner l’interdiction, les propriétaires de biens en location envisagent de mettre leur patrimoine sur la plateforme américaine, Airbnb.

Une astuce qui permet de repousser les frais importants qu’engendre une rénovation énergétique.  A ce jour, l’interdiction progressive à la location, à compter de janvier 2023, ne s’adresse pas à la location touristique. Une aubaine qui n’a pas échappé au gouvernement qui compte bien palier à cet écart : « Il est hors de question qu’on se réfugie en transformant son logement en meublé touristique »

Une alerte lancée depuis des mois

Ce passe-droit n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Depuis l’officialisation de l’interdiction des passoires thermiques pour les propriétaires de biens classés en F et G, de nombreux professionnels du secteur de l’immobilier mais aussi des politiques ont alerté sur cette faille.

Les professionnels de l’immobilier redoutent de voir des propriétaires succomber à la location courte dans ce contexte où les biens sont de plus en plus rares dans les zones tendues. La Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM) a réalisé un sondage où 6% des propriétaires auraient envisagé cette solution. Le maire adjoint de la ville de Paris reste positif quant aux prochains changements concernant la plateforme : « Depuis des mois, nous alertons sur ce scandale. Le message a finalement été entendu par le Ministre. Tant mieux ! »

Un rectificatif en cours mais sans date

La date officielle concernant l’interdiction des locations touristiques pour les passoires énergétiques n’est pas encore officielle. Ce projet permettrait une réattribution plus équitable des locations longue durée et saisonnière pour permettre à tous d’accéder à un logement. Affaire à suivre…

Source : https://www.batiweb.com/actualites/developpement-durable/la-location-de-passoires-thermiques-bientot-interdite-sur-airbnb-41191